Elyse Saugstad, Pro Skier & Mom

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On ne peut qu’être impressionné par l'illustre carrière de ski d'Elyse Saugstad. Déjà à l’adolescence, elle se surpassait en descente pour son club en Alaska, mais fit rapidement volte-face vers le freeride pour remporter le Freeride World Tour dès sa première année sur le circuit. Sa passion pour le freeride a généré une longue liste de films dont elle est la star et lui a valu plusieurs récompenses. Elyse a grandement façonné le monde du ski hors-piste et ce faisant, elle en est devenue une icône.

Elle fait aujourd’hui face à l'un de ses plus grands défis, naviguant dans la maternité tout en continuant à progresser en tant que skieuse professionnelle. Avoir une famille est une partie naturelle de l'expérience humaine et, bien que l'équilibre ne soit pas toujours facile à trouver, elle découvre les avantages qu'il y a à poursuivre ces deux avenues selon ses propres termes.

À l'approche de la fête des Mères, nous avons demandé à Elyse comment elle s’y prenait pour trouver le juste équilibre entre ses objectifs en montagne et le temps de qualité avec son fils, Indy.

Quels sont les plus grands défis auxquels tu as dû faire face pour concilier ton rôle de maman et ta carrière d'athlète ?

L’une des plus grands changements auquel j’ai fait face cet hiver a été de ne pas pouvoir participer à beaucoup de tournages en backcountry en raison de l’horaire. Les tournages en backcountry débutent souvent entre 4 et 6 heures du matin selon l’endroit, car idéalement, il faut avoir atteint le sommet de la ligne que l’on prévoit skier dès l’aube. De plus, les journées en backcountry peuvent facilement s’étirer sur 12 heures, un horaire qui n’est pas possible avec un bébé, même s’il a une place en garderie, car celle-ci n’est ouverte que du lundi au vendredi de 8h à 16h. C’est pourquoi deux des séquences de mon projet de l’hiver dernier intitulé « Here, Hold My Kid » ont été filmées en station, me permettant ainsi de respecter mon horaire de maman. La troisième séquence a été filmée en héliski en Alaska, ce qui aurait pu être difficile à réaliser, car les heures de travail sur le terrain peuvent être longues et se prolonger tard dans la soirée, mais j'ai pu le faire parce que nous étions basés à Girdwood, d'où je suis originaire et où mes parents vivent encore, et ils m'ont énormément aidée en gardant Indiana lorsque je devais travailler. Il faut vraiment tout un village pour élever un enfant !

Le fait de devenir mère a-t-il changé ta relation avec tes parents et les membres de ta famille ?

Les deux paires de grands-parents, les Saugstad et les Townsend, ont été incroyablement serviables, aimants et présents pour leur petit-fils, et cela m'a vraiment ouvert les yeux sur l'importance d'avoir une famille. Je suis très reconnaissante que les grands-parents soient aussi présents pour nous et de plus, je réalise tout ce que mes parents ont fait pour moi pendant mon enfance. Tout au long de ma vie, ils m'ont inculqué de merveilleuses valeurs, et j'espère faire de même avec Indy.

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes mamans qui essaient de concilier travail et maternité ?

Jongler entre travail et maternité n’est pas toujours facile. J'ai souvent l'impression que je peine à garder la tête hors de l'eau. J’essaie alors de prendre un pas de recul et me raisonne que tout fini par passer. D’ailleurs, lorsqu’un pépin arrive (et je dis bien « lorsque » et non « si »), j’essaie d’y trouver de l’humour en me disant que ce sera, au final, une bonne histoire à raconter. J'ai choisi d'être mère et le dicton selon lequel « c'est la chose la plus difficile que vous ne ferez jamais, mais aussi la plus gratifiante » est vrai. Pour moi, ce qui est le plus difficile, c’est qu’il n’y a jamais de moments de pause.

Ainsi, mon conseil est de prendre le temps de réserver des moments de pauses physiques et mentales au quotidien, ne serait-ce que 15 minutes. Vous en ressortirez gagnante avec un regain de patience, et vous serez plus heureuse en tant que mère, un bonheur qui se fera ressentir chez vos enfants.

Quels sont certains des moments dont tu es le plus fière en tant que mère et en tant que skieuse professionnelle, et comment ces expériences se comparent-elles ?

Je suis une personne très axée sur les objectifs et, tout au long de ma carrière, je me suis donné toutes sortes d’objectifs à atteindre. Parfois, ces objectifs sont tangibles, comme le fait de remporter des prix, et parfois il s'agit de réalisations personnelles, comme le fait de prendre les bonnes décisions dans des situations délicates et lourdes de conséquences. Maintenant que j'ai un enfant, j'essaie d’appliquer les connaissances que j’ai acquises tout au long de ma vie, mais je me sens souvent comme un poisson hors de l'eau. Avoir un enfant est une leçon d’humilité et lorsque tout va bien, je suis tellement fière que c’est comme si je venais de remporter un prix.

La patience a toujours été un défi pour moi et en tant que parent, il faut faire preuve d’une très grande patience. Jusqu’à présent, j’ai su relever le défi, mais il faut dire que mon enfant a seulement qu’un an et demi [rires]. D'un autre côté, c'est vraiment excitant de voir la joie d'Indy lorsqu'il réussit quelque chose, comme marcher ou faire un casse-tête, et on ne peut s'empêcher que d'être super fier.

As-tu constaté qu'être mère a changé ton approche quant à la prise de risque et du dépassement de tes limites en tant qu'athlète ?

Comme mon métier de skieuse professionnelle est plutôt dangereux, mon approche de la montagne et des conséquences du ski est restée essentiellement la même. Bien avant que je sois mère, ma devise en matière de ski a toujours été : « prendre des décisions qui me permettent de skier un autre jour ». Je n'ai jamais été du genre à tenter de défier la mort pour skier une ligne spécifique.

Au contraire, j’utilise plutôt une approche méthodique et calculée où mon taux de réussite est très élevé. Je dépense beaucoup de temps et d'énergie à réfléchir à tout, par exemple, « la peur que je ressens est-elle émotionnelle ou rationnelle ? », car je dois être mentalement présente et concentrée à 100 % sur la ligne que je vais skier, d’autant plus que les conséquences peuvent être graves si je me lance sans réflexion.

Lorsque je dépose mon enfant à la garderie et que je vais au travail, je passe de mon rôle de mère à celui de skieuse professionnelle. Si je ne pouvais dissocier les deux, il faudrait sans doute que je change de métier. Cela dit, il est vrai j’ai pris des décisions plus conservatrices à quelques occasions l'hiver dernier parce que j'étais maman, mais dans l'ensemble, cela ne m'a pas trop affecté et je ski toujours au même niveau qu’avant d’avoir un enfant.

Enfin, quelles sont les principales leçons ou valeurs que tu espères inculquer à ton enfant en tant que mère, mais aussi en tant qu’athlète ?

Comme Indy est notre premier enfant, Cody et moi nous demandons tout le temps si les décisions que nous prenons sont ce qui est de mieux pour lui. Bien qu’on puisse s’informer par le biais de nombreux livres et obtenir des conseils d’amis pour telle ou telle situation, on ne peut faire autrement que de toujours tout remettre en question. Cela dit, j’ai compris que peu importe ce qu’on fait, si on donne à notre enfant tout l’amour, l’encouragement et la sécurité dont il a besoin pour développer sa confiance, il aura les outils nécessaires pour réussir tout ce qu’il entreprendra.

En tant qu'athlète professionnelle, je dois avoir confiance en mes actions, car sinon, il y aura des conséquences et, au-delà d’être une athlète, je crois que la confiance en soi est la clé pour vivre une vie prospère. Ainsi, je crois que peu importe le nombre de livres que vous lisez à votre enfant, peu importe le nombre de fois que vous jouez au ballon avec votre enfant ou le nombre de fois que votre enfant vous cause des inquiétudes, si vous lui apprenez la confiance en soi, le reste importe peu.